A la différence de l’e-mail ou du téléphone, rien n’est totalement ou durablement privé quand on utilise les réseaux sociaux.
Le bon sens numérique impose de considérer les contenus que l’on publie sur les réseaux sociaux comme publics… quels que soient les paramètres de “confidentialité”. Protéger sa vie privée sur Internet est une responsabilité individuelle et non celle de Facebook & Co puisqu’ils n’y arriveront pas.
Internet est de facto un espace public dans lequel des sociétés tentent de créer des espaces privés. D’une certaine manière, c’est une démarche paradoxale parce que contraire à l’ADN du Web : espace de transparence radicale. Parce que “Facebook & Co” vont continuer à modifier leurs conditions générales d’utilisation régulièrement, parce que votre entourage peut dupliquer vos données privées à l’insu de votre plein gré, parce que votre compte peut être piraté, parce que les bugs informatiques existeront toujours, parce que Facebook & Co ont besoin de vos données privées pour rentabiliser leurs services dans des publicités ciblées, tout (ou presque) est ou peut devenir un jour public.
Inutile donc de vous attaquer à Facebook & Co, vous êtes le seul responsable de la protection de votre vie privée (plus d’explications sur billet Facebook & Co… de la vie privée à l’intimité de la vie privée ?). Pour ceux qui doutent encore, je vous invite à lire et faire suivre cet article du journal 01.NET :
Licenciés pour avoir dénigré leur direction sur Facebook
Deux salariés passaient devant les prud’hommes après avoir été licenciés à la suite de propos tenus sur Facebook. Mais la justice n’a pas réussi à statuer sur leur cas.
Extrait : “…la direction d’Alten n’a pas eu accès aux propos de ses salariés en allant elle-même scruter Facebook, encore moins en piratant les comptes. Elle a été prévenue par un autre salarié qui, lui, avait accès de manière tout à fait légitime à la conversation de ses collègues.”
Cela dit, je connais la réponse de ceux qui veulent continuer à jouer : “Demain, tout le monde aura sa photo à poil sur Facebook et donc ce ne sera plus un problème”. Demain, c’est dans 5 ans ou dans 100 ans ? Demain peut-être (ou peut-être pas) et en attendant demain… il y a aujourd’hui ! Et aujourd’hui, 2 personnes peuvent écrire sur la porte de leur chambre : Facebook m’a tuer… Et pour les autres ? Une petite fessée ? Voilà le mode d’emploi si votre entourage manque de bon sens numérique :
(Photo montage d’Olivier Bruel)
Mise à jour du 11 novembre 2010
Quelques articles complémentaires sur 01 Net
Trois mois de prison ferme pour avoir insulté des gendarmes sur Facebook
Votre employeur peut-il vous coincer sur Facebook ?
Extraits de cet article :
“Salarié ou pas, tout le monde bénéficie de la liberté d’expression. On ne pourra donc pas vous reprocher de dénigrer votre entreprise… du moment que cela reste dans les limites de la loi : pas d’injure publique, pas de diffamation, pas d’incitation à la haine et pas de discrimination. Eventuellement, pas de divulgation de secret professionnel.
“Une entreprise n’a pas le droit de collecter ni de stocker des données sur la vie privée d’un candidat ou d’un salarié. Elle ne peut pas refuser d’embaucher quelqu’un sur la base de ses orientations politiques, sexuelles, religieuses ou philosophiques, y compris si elles ont été trouvées sur un profil de réseau social (autant d’informations que Facebook permet de renseigner et d’afficher). C’est interdit par le Code du travail. Seulement voilà : « En pratique, il sera très difficile (et onéreux) de prouver que tel ou tel recruteur a utilisé les réseaux sociaux pour disqualifier un candidat », note Ronan Hardouin.”
Mise à jour du 19 novembre 2010
Quelques articles complémentaires sur 01 Net :
Critiquer son patron sur Facebook est un motif de licenciement
Extraits de cet article :
Ces arguments n’ont donc pas été retenus par le conseil des prud’hommes. « Cette décision entérine le fait qu’Internet est un espace public. Chaque salarié a le droit à la liberté d’expression, mais tant qu’il s’en tient à ne pas franchir la limite de l’injurieux ou du diffamant » explique Diane Mullenex, avocate.”
Voilà c’est dit : INTERNET EST UN ESPACE PUBLIC donc Facebook est un espace public et vous êtes SEUL responsable de la protection de votre vie privée.
J’adore cet article qui dose à la perfection l’effet de séduction des technos internet et les inquiétudes, souvent légitimes, qu’elles suscitent. Au fond pourquoi s’étonner que Facebook rentre dans l’arsenal déployé par les uns et les autres pour se séparer, à l’amiable ou non, après avoir exprimé le désir puis la satisfaction de travailler ensemble ?
Je me demande si la liberté nouvelle d’expression permise par les réseaux sociaux ne pourrait pas au contraire servir à éviter ces séparations brutales, contre productives et donc couteuses. Toute opinion, si elle est sincère, n’est elle pas bonne entendre ? Le rôle du management, si celui ci est sincère, n’est il pas de savoir regarder la réalité en face, surtout quand elle n’est pas flatteuse, et d’en tirer des actions ?
Les pessimistes diront peut être que le jour où on prendra en compte la sincérité des uns et des autres, il y aura belle lurette que tout le monde aura sa photo à poil sur le net !!! C’est comme la différence entre érotisme et pornographie ..
Cela ne m’étonne pas que la justice n’ai pu statuer sur ce cas là. Il n’y a pas de délit… juste des considérations personnelles sur un réseau social. C’est tout de même délirant de se faire virer parce que l’on exprime des propos qui “ne suivent pas la ligne de conduite officielle”… et, comme le dit si bien Benoit, les entreprises devraient plutôt écouter ces propos et en tirer meilleur parti pour elles-mêmes et leurs salariés. C’est d’ailleurs ce qu’ont compris des sociétés américaines qui utilisent notamment Twitter pour “sentir” leur public et répondre aux insatisfactions des clients.
Le problème c’est que pour tous ceux qui sont déjà fébriles quant à l’utilisation des réseaux sociaux, ce cas va faire figure d’exemple et… ne va que renforcer leur méfiance ! et là, on est encore loin des photos de nu sur fb…
Il n’y a pas de faute d’orthographe dans le titre mais une référence à l’affaire Omar Raddad : “Omar m’a tuer” qui fera bientôt l’objet d’un film !