L’impact de notre vie numérique sur notre identité et notre réputation

I. Qu’est-ce qu’une vie numérique ?

Dans ce nouvel espace qu’est Internet, nous avons parfois une autre vie, une vie bien différente de notre vie quotidienne, une vie numérique ! Nous créons cette vie numérique en utilisant de très nombreux services qui n’ont parfois aucun équivalent dans le monde réel. Voici quelques exemples des actions ou interactions qu’il est possible d’avoir sur Internet :

– Publication de contenus : blog, podcast, videocast, journalisme citoyen (Agoravox,…), encyclopédies collaboratives (Wikipedia), plateforme de FAQ collaborative (Yahoo! Answers, Google Answers) ;

– Partage de contenus : photos (FlickR), vidéos (YouTube, Dailymotion…), musique ou liens (del.icio.us) ;

– Publication d’avis sur des produits, des services, des prestations (TripAdvisor, Epinions, …) ;

– Participation à des réseaux sociaux : sur un thème particulier (motos, cuisine, jeux,…) ; pour les profesionnels (LinkedIn, Viadeo, Xing…) ; à vocation universelle (MySpace, Facebook, Orkut,…) ;

– Achats en ligne sur des sites comme Amazon ou eBay avec des systèmes de paiement type Paypal ;

– Recherche d’emploi (Monster, Stepstone,…), publication d’un CV en ligne (eMurse, Moncv.com) ;

– Sites de rencontres (Meetic, Match, Netclub,…) ;

– Sites de jeux en ligne (World of Warcraft, Everquest,…) ou univers virtuels (SecondLife, There, Habbo Hotel,…).

En utilisant ces différents services, chacun de nous laisse des « traces ». Certaines traces sont neutres ou insignifiantes comme donner son avis sur un Hôtel mexicain avec TripAdvisor. Certaines traces peuvent avoir un impact très important sur notre vie (notre vie non-numérique !), aussi bien en termes d’identité que de réputation.
Cet impact peut être positif : notoriété (votre identité est connue par un plus grand nombre de personnes) ou valorisation positive de votre réputation (communication des éléments susceptibles de vous donner une bonne réputation).
Cet impact peut aussi être négatif : vol d’identité (un fraudeur utilise vos comptes financiers en utilisant vos identifiants) ou destruction de votre réputation (attaque de vos rivaux à travers la diffamation par exemple,…).

II. Votre vie numérique n’est ni plus ni moins dangereuse que votre vie !

Face aux dangers du vol d’identité, nous pourrions choisir de ne plus dévoiler des éléments de notre identité sur Internet. Mais ce serait nous priver de beaucoup de services très utiles. Sur les réseaux routiers, nous respectons un code de la route pour éviter les accidents. Sur les réseaux de l’information, il y a aussi un code de conduite qui permet d’éviter les incidents. Malheureusement, ce code est peu connu des profanes. Des éléments de ce code de conduite seront publiés dans un prochain billet. Laissez son identité sur Internet n’est pas plus dangereux que de prendre sa voiture, à condition de savoir conduire ! Par ailleurs, des outils, des techniques existent pour nous aider à protéger nos données personnelles les plus sensibles et on en reparlera sur ce blog.

Face aux risques de laisser des traces qui nuisent à notre réputation, vous pourriez décider de ne rien publier ou de le faire d’une manière anonyme. A moins d’être retraité, d’avoir la sécurité de l’emploi à vie (fonctionnaires,…) ou d’exercer un métier dans lequel votre réputation n’est pas un enjeu, vous feriez une erreur. Le pire qui puisse vous arriver ne serait pas d’avoir laissé quelques traces négatives pour votre réputation numérique. Le pire serait qu’on ne trouve aucune trace de vous, que vous n’ayez pas de réputation numérique. 77% des recruteurs effectuent des recherches en ligne sur les candidats. 7% de toutes les requêtes effectuées sur les moteurs de recherche se font sur le nom d’une personne.

Cette absence de réputation numérique pourrait être interprétée de la manière suivante:

– Manque de transparence
– Refus de partager l’information
– Personne qui n’a rien à dire
– Technophobe
– Aversion pour le risque

Avoir une réputation numérique, c’est être transparent, c’est montrer votre capacité à partager l’information, à exprimer des idées ou des opinions, à utiliser les technologies de l’information qui sont aujourd’hui au cœur de la performance des organisations, et votre sens du risque ou votre esprit d’initiative.

Entre un candidat dont je peux évaluer facilement la réputation et un autre pour lequel c’est plus difficile, un jour viendra où le choix sera vite fait. De nombreux outils et méthodes seront bientôt présentés sur ce blog pour vous aider à gérer votre réputation numérique en mettant en valeur les aspects positifs de votre vie numérique.

III. Vie numérique Vs Identité numérique Vs Réputation numérique

Notre vie numérique impacte notre identité et notre réputation. Mais si vous vous promenez dans la blogosphère, vous verrez que la réputation numérique est souvent associée à l’identité numérique et inversement. Prenons par exemple  Dick Hardt, CEO de Sxip Identity, qui expliqua lors d’une conférence en 2005 que “l’identité était égale à la réputation”. Pourtant, un chat n’est pas égal à un chien même si ce sont 2 animaux. Mars n’est pas égal à Jupiter même si ce sont 2 planètes. L’identité n’est pas égale à la réputation même si ce sont 2 dimensions de notre vie numérique. La définition du dictionnaire pour l’identité : “Personnalité civile d’un individu, légalement reconnue ou constatée” n’est pas la même que celle de la réputation. Les experts de l’identité numérique (comme beaucoup experts d’ailleurs !) ont tendance à voir le monde numérique à travers le prisme de leur propre expertise… C’est terriblement humain 😉

Quels sont les liens entre réputation et identité ?

On peut dire qu’avant d’évaluer la réputation d’une personne, il faut qu’on soit sûr que cette personne est bien la personne qu’elle dit être. Mais quel est l’intérêt de se construire une vraie réputation sur une fausse identité ? C’est totalement absurde.
On peut aussi dire qu’une personne pourrait se faire passer pour vous et essayerait de détruire votre réputation. Mais, chaque jour, on voit des personnes essayer de détruire la réputation des autres sans pour autant masquer leur identité. C’est même leur identité « Je suis l’expert de … » qui va les aider à détruire la réputation de l’autre ! Le poids d’une critique dépend du poids de celui qui fait la critique. Une critique anonyme ou émanant d’un inconnu aura beaucoup moins de valeur que si elle vient d’une personne connue et reconnue.
Le vol d’identité est beaucoup plus probable venant d’escrocs. Mais leur objectif ne sera pas d’écrire un commentaire dans un blog en se faisant passer pour vous. Leur intérêt sera plutôt de vider votre compte en banque, faire une commande avec votre carte de crédit,… Et dans ce cas, si je suis un voleur, un cyber-délinquant, est-ce que je me soucie de ma réputation ?
Enfin, avant de vous épouser, votre conjoint était très soucieux de savoir si vous aviez une bonne réputation. Il/Elle vous a épousé en se fondant sur votre réputation (votre physique, votre humour,…) et non sur votre carte d’identité. Avant de vous engager, votre employeur vous a demandé vos diplômes, vos références (éléments de votre réputation), mais il n’a jamais vérifié votre identité sauf le premier jour de votre arrivée dans l’entreprise dans une optique purement administrative (salaire, sécurité sociale,…). C’est votre réputation qui fut le moteur de votre embauche et non votre identité.

L’identité et la réputation sont donc 2 concepts autonomes. L’identité est un enjeu pour lutter contre les fraudeurs. La réputation est un enjeu pour nous tous dans le cadre de notre vie numérique. Publier une photo sur Flickr, une vidéo sur Youtube, un billet ou un commentaire sur un blog est un acte de ma vie numérique qui ne change rien à mon identité, mais qui peut impacter positivement ou négativement ma réputation.

IV. Qu’est-ce que l’identité numérique ?

Voici quelques caractéristiques de l’identité numérique :

1 – L’identité est liée à une personne

Nous avons 3 types d’identité :
– Une identité professionnelle avec nos coordonnées professionnelles (intitulé de poste, service de rattachement, numéro de téléphone, de fax, de bureau, etc.). Cette identité permet l’authentification vis-à-vis des applications d’entreprise (messagerie, intranet, applications métiers, etc.). Elle est généralement stockée dans l’annuaire LDAP d’entreprise.
– Une identité personnelle, rattachée à des coordonnées personnelles (adresse privée, téléphone privé, etc.). Elle permet de s’authentifier vis-à-vis d’applications grand public comme des sites de commerce électronique.
– Une identité administrative, rattachée à des coordonnées administratives (numéro de sécurité sociale, identifiant pour les impôts, dossier médical partagé, etc.). Elle permet de mener à bien les procédures administratives.

Extraits de Tendances.it

2 – L’identité est objective

Elle rassemble des éléments factuels et observables.

3 – Votre identité est contrôlée par des tiers

Les fournisseurs de service sur Internet ont besoin de contrôler votre identité dans le cadre de transactions virtuelles :
-> Commerce électronique (vente/achat) – Il est important de pouvoir vérifier l’identité réelle du vendeur ou de l’acheteur pour les retrouver en cas de litige (non paiement, produit non-conforme,…)
-> Virements de fonds, paiements, ouverture de compte en banque, …

4 – L’identité numérique peut vous faciliter la vie !

Il existe des services qui permettent de s’inscrire sur plusieurs services avec un compte unique. Par exemple, vous créez un compte sur OpenID.net et vous pouvez ensuite vous inscrire automatiquement sur d’autres services sans avoir à ressaisir votre prénom, votre nom, e-mail,… Très pratique !

V. Qu’est que la réputation numérique ?

Parler de réputation numérique, c’est répondre à cette question : comment mes actions sont-elles évaluées par mon entourage social et professionnel ? Voici quelques caractéristiques de la réputation numérique :

1 – La réputation est liée à une évaluation

Il s’agit de 2 personnes qui s’évaluent mutuellement pour essayer de déterminer dans quel contexte elles peuvent se faire confiance. Chacun détermine “une sphère de confiance”.

Vous pouvez avoir confiance dans une personne pour faire certaines choses, mais pas pour d’autres. Un pilote de Formule 1 est a priori une personne digne de confiance pour piloter une voiture de course. Mais est-ce que vous lui proposeriez de construire votre maison ? Une personne n’est pas digne de confiance dans l’absolu, mais dans un contexte. Pour chaque personne de votre réseau social, vous définissez implicitement un “contexte de confiance” (une “sphère de confiance”) sur des fonctions, des compétences ou des qualités humaines. On ne peut pas dire qu’on a confiance dans une personne sans préciser le contexte dans lequel on lui fait confiance.
Par exemple, voici comment Jacques pourrait définir un contexte de confiance vis-à-vis de son collègue Martin (ce qui est dans la sphère de confiance et ce qui est à l’extérieur):

-> Jacques a confiance en Martin pour le management d’une équipe, le marketing et pour sa créativité (fonctions, compétences, qualités humaines à l’intérieur de la sphère de confiance de Jacques concernant Martin)

-> Jacques ne sait pas s’il peut avoir confiance en Martin pour gérer un projet, la maintenance des systèmes informatiques et sa fidélité envers l’entreprise (à l’extérieur de la sphère de confiance de Jacques)

-> Jacques n’a pas confiance en Martin pour la gestion de l’innovation, la comptabilité et sa ponctualité (à l’extérieur de la sphère de confiance de Jacques)

En résumé, dans votre réseau social, pour chaque personne, une sphère de confiance est définie implicitement. Cette sphère de confiance peut inclure des fonctions, expertises, compétences et qualités humaines. Il s’agit des éléments sur lesquels vous accordez votre confiance à une personne de votre réseau. A l’inverse, à l’extérieur de la sphère de confiance, vous n’êtes pas à l’aise pour dire que vous avez confiance dans cette personne.

2 – La réputation est subjective

Il s’agit d’une évaluation sociale qui correspond plus ou moins à la réalité. Pour décrire notre perception d’une personne, on s’exprime le plus souvent par des opinions. Or une opinion est un jugement de valeur qui ne repose pas forcément sur des faits ou des données observables et quantifiables. L’évaluation peut donc être juste ou injuste !

3 – On ne contrôle pas sa réputation

On ne contrôle pas sa réputation dans le sens où on ne peut pas interdire aux autres d’avoir une opinion sur nous et d’en parler autour d’eux. Mais on peut gérer sa réputation :

-> En adoptant des comportements socialement acceptables pour avoir une bonne réputation. Il s’agit d’un mécanisme de contrôle social bien utile pour auto-réguler les relations humaines.

-> En utilisant les outils de gestion de la réputation qui existent en particulier sur Internet, mais pas seulement. Ils permettent de mieux communiquer (agrégateurs de contenus), de mieux évaluer (plus de faits, moins d’opinions) ou de mieux surveiller (système d’alertes sur les critiques positives ou négatives dont on fait l’objet afin d’y apporter une réponse adaptée). Ces outils seront bientôt présentés en détail dans ce blog.

5 – Les bénéfices de la gestion de sa réputation

Gérer sa réputation numérique est utile pour :
– chercher un emploi, se faire connaître
– proposer des services (consultants, freelance,…)
– valoriser son expertise
– booster sa carrière
– faire des rencontres amicales ou amoureuses

VI. Quels sont les enjeux ?

La question de l’identité numérique pose des problèmes principalement techniques, qui n’ont rien d’insurmontable avec un peu de technique ! La question de la réputation pose avant tout des problèmes sociaux nouveaux dans le sens où Internet crée un nouveau contexte pour les relations humaines.
L’enjeu de l’identité numérique est : comment créer une carte d’identité numérique ? Comment passer du papier au digital ? Comment contrôler l’identité d’une personne à distance, en l’absence de face à face ?
L’enjeu de la réputation numérique consiste à inventer un nouveau mode d’évaluation, une nouvelle façon d’appréhender la réputation d’une personne sur Internet en particulier dans les réseaux sociaux. C’est l’objet de ce blog !

Sources d’inspiration pour ce billet et remerciements à :
http://www.fredcavazza.net
http://fr.techcrunch.com
http://www.outilsfroids.net/
http://www.tendances.it

Author: Olivier Zara

https://www.linkedin.com/in/olivierzara/

10 thoughts on “L’impact de notre vie numérique sur notre identité et notre réputation”

  1. Voici la définition de “identité” par l’académie française:

    “IDENTITÉ n. f. XIVe siècle, ydemtite. Emprunté du bas latin identitas, « qualité de ce qui est le même », dérivé du latin classique idem, « le même ».
    1. Exacte ressemblance entre des êtres, des choses qui ont une existence distincte. L’identité physique des jumeaux. Il y a incontestablement identité entre ces deux signatures. Une parfaite identité de goûts, de vues. 2. Caractère de ce qui ne fait qu’un ou ne constitue qu’une seule et même réalité, sous des manifestations, des formes ou des appellations diverses. Identité de nature. Identité de raisons. Halley a conclu à l’identité de la comète qu’il avait observée avec celle que Kepler avait décrite un siècle et demi plus tôt. Spécialt. LOGIQUE. Principe d’identité, principe d’évidence selon lequel une chose ne peut être que ce qu’elle est. – ALG. Relation d’égalité entre deux termes, qui subsiste quelles que soient les valeurs attribuées aux variables. Identités remarquables, nom donné aux formules d’égalité algébrique le plus fréquemment utilisées. 3. Caractère de ce qui, dans un être, reste identique, permanent, et fonde son individualité. Identité et altérité. L’enfant prend peu à peu conscience de son identité. Certains malades mentaux souffrent de troubles de l’identité. Par anal. L’identité culturelle d’un peuple, l’ensemble des traits qui le définissent, tels que sa langue, ses mœurs, ses croyances. Identité nationale, conscience d’appartenir à une nation en tant que telle. 4. DROIT. Personnalité civile d’un individu, légalement reconnue ou constatée, établie par différents éléments d’état civil et par son signalement. Décliner son identité. Rechercher, établir l’identité d’un malfaiteur. Vérification, contrôle d’identité. Usurpation d’identité. Papiers, pièces d’identité, documents administratifs que l’on présente pour justifier de son état civil, de son domicile, etc. Carte nationale d’identité. Carte d’identité consulaire, délivrée aux Français établis à l’étranger par le consulat compétent. Photographie d’identité. Service de l’identité judiciaire, ou, par méton., Identité judiciaire, service de la police judiciaire qui met en œuvre les méthodes scientifiques propres à permettre l’identification des délinquants. Le laboratoire de l’Identité judiciaire. – MILIT. Plaque d’identité, plaque métallique portée par le soldat en opération, qui indique son nom, son numéro matricule et son lieu de recrutement.”

    La “personnalité civile” ne vient qu’en 4è… j’aurais tendance à penser qu’il s’agit là d’une confusion entre “identité” et “identification” dans la culture romaine… qui n’a quand même pas oublié de faire deux mots (j’imagine que ce n’est pas pour rien). D’ailleurs il me semble qu’il y a un paradoxe entre personnalité et l’idée d’objectivité. On pourrait presque parler de persona d’ailleurs dans notre relation à l’administration et en forcer l’auto-identification est d’une rare violence (c’est en gros le thème de la 25è heure, de Virgil Gheorghiu).

    Identification:
    “IDENTIFICATION n. f. XVIIe siècle. Emprunté du latin scolastique identificatio, « action d’identifier ».
    1. Action de considérer comme identiques plusieurs êtres, plusieurs choses ; résultat de cette action. L’identification de Dieu et de la nature dans le panthéisme. L’identification d’Alésia avec Alise-Sainte-Reine n’est plus contestée. 2. Action d’établir l’identité d’une personne. Procéder à l’identification des victimes. L’identification d’un criminel. Par ext. L’identification d’une plante, d’un poisson. L’identification d’un appareil ennemi. 3. Le fait de s’identifier, de s’assimiler à une personne ou à une chose, de se confondre avec elle. L’identification d’un acteur avec son rôle.”

    Cette confusion repose sur notre Histoire. Mais celle-ci n’est pas mondiale, ni universelle. Tout simplement parce qu’il y a des principes différents qui s’y attachent. Il n’est pas question de considérer l’identité comme quelque chose qui apaprtient à l’individu, l’interaction et la structure sociale sont nécessaires à la construction d’une identité… dans le cadre de l’interaction et de la structure sociale. Il faudrait tenter de ne pas être trop ethnocentriste, et tant qu’à faire essayer de comprendre les processus fondamentaux qui permettent l’existence. D’ailleurs l’objectivité de l’identité est un fantasme occidental. La construction de l’identité numérique me semble beaucoup plus proche de ce que j’ai lu sur les aborigènes: multidimensionnelle et relationnelle, langagière (et générationnelle, aspect non présent dans le web actuellement).

    Un malfrat ne cesse pas d’exister à remettre en cause l’état-civil si il continue d’avoir accès aux moyens d’interaction et le terme d’usurpation d’identité, même s’il s’agit de quelque chose de très grave car l’identification n’est pas rien, est clairement un abus de langage (et qui traduite textuellement est ridicule dans certaines langues un peu comme “usurpation d’existence” le serait en français).
    A mon avis l’identité est beaucoup plus un processus cognitif de mobilisation du langage qu’une registration des moyens d’identification.

  2. Absolument d’accord avec ropib. Je tendrais aussi à affirmer qu’il n’y a pas d’objectivité de l’identité. Un exemple simple en est notre image physique : elle est bien constituante de notre identité, et pourtant peut-on vraiement dire qu’elle est factuelle/tangible.

    Dans un billet écrit récemment (1), j’ai préféré inverser les termes du problèmes : l’identité est constituée de marqueurs et de traces. Nos traces nous sont associées au travers des nos marqueurs : adresse IP, noms, pseudos,…

    Nos traces peuvent être soit factuelle (log sur un serveur) soit subjective (trace laissée dans la mémoire de quelqu’un).

    Enfin le fait que nos traces soient distribuées et que nous ne pouvons toutes les contrôler (je peux utiliser un anonymiseur sur internet, c’est plus difficile avec mon identité visuelle) nous expose à l’apparition de bases de données colaboratives sur les faits et gestes de chacun…

    (1) http://ihmmedia.wordpress.com/2007/11/30/identite-marqueurs-et-traces/

  3. @joss
    L’idée de définir une chose en accumulant des caractéristiques “suffisamment” précises pour qu’on les considèrent comme des caractères me semble justement constituer une suite d’erreurs de méthodes de modélisation. Finalement un identifiant ça ne sert qu’à “écrire” un moyen de reconnaissance d’une relation référencée. Ce qui intéresse l’utilisateur social c’est la reconnaissance pour construire une prospective relationnelle.

    Pour en revenir à la réputation, et en particulier sur internet, je pense qu’il est nécessaire de mettre d’abord en place des outils de projection dans ce nouvel espace d’interactions. On pourrait dire qu’ils existent déjà mais franchement seuls les geeks sont réellement performants et la majeur partie des utilisateurs potentiels restent en marge de l’utilisation attendue.
    Au niveau de la construction de la communauté celle-ci se fait le plus souvent a priori et transforme la prospective relationnelle en utilitarisme (ce qui est insupportable si on n’est pas un commercial). Des outils peuvent être intéressants pourtant : dialogues avec des commensaux sur un site, sauvegardes de post-it partagés… mais c’est plus ou moins illisible, toujours basé sur un avatar statique et l’interactin ne peut déboucher sur une relation. Brancher là-dessus des forums et des outils un peu plus avancés me semblerait quand même assez efficace.

    C’est seulement à partir du moment où on s’investit dans un espace relationnel, que l’on s’inscrit dans un comportement personnel (imprévu mais pas forcément imprévisible, c’est à dire reconnaissable) qui permet la rencontre et l’interaction qu’on peut reconnaître chez les autres un caractère commun pour construire un ensemble de relations et peut-être une communauté. La réputation aura alors un sens… à mon avis hein. Après on peut parler d’interactions humain/humain, avatar/avatar, utilisateur/service ou service/service, je pense que ça fonctionne de la même façon. Après il y a des contraintes d’intégration dans une communauté… mais l’identifiant (qui s’inscrit dans la civilisatin de l’écrit que nous sommes sans doute en train de quitter) n’est vraiment pas un prérequis, ni un modèle si on veut que le web ne soit pas qu’un média de plus.

  4. Il y a 12 ans, j’ai commencé mon existence sur internet.
    Il y a 12 ans, je pense que l’identité numérique était déjà présente mais ne revêtait pas un caractère important tel que porté aujourd’hui.
    Il y a 12 ans, je pense que la réputation numérique existait déjà mais personne n’était capable de vraiment l’exploiter tel qu’aujourd’hui.
    Pourtant il y a 12ans, mon identité numérique a commencé.
    Pourtant il y a 12ans, ma réputation numérique a commencé.
    Il y a 12 ans, j’ai parlé sur la place du village de sujets variés avec sérieux, avec passion, avec dérision.
    Il y a 12 ans, j’ai écrit sur Internet sur des sujets variés avec sérieux, avec passion, avec dérision.
    Personne ne se souvient, même pas moi, des sujets dont j’ai parlé sur la place du village il y a 12 ans.
    Les questions que j’avais posées, les commentaires que j’avais postés à cette même époque ont cessé d’apparaître sur les moteurs de recherche il y a 2 ans seulement. Internet s’est souvenu 10 ans de ce que j’ai écrit il y a 12 ans!

    Quel drôle de préambule pour un commentaire. Oui et non.
    Fiction ou réalité, peu importe.

    Internet est un espace qui est utilisé à des fins personnelles et à des fins professionnelles.
    Dans la vie de tous les jours, une sphère personnelle et une sphère professionnelle se créent; Chacune d’elles ayant sa propre dynamique, et un certain degré d’interaction. Je peux réguler à mon gré une grande partie de ces interactions qui ont une durée de temps limitées.

    Sur Internet, un seul espace, une seule sphère, existe et je n’ai donc plus la liberté de réguler à mon gré les interactions entre mes activités privées et professionnelles. Qui sait comment seront utilisées dans le futur les traces de mes activités (professionnelles et privées confondues) que je laisse aujourd’hui sur Internet.

    Créer de multiples identités numériques, Gluon-1, Grochat-2, etc, etc, pour fractionner ma présence sur Internet est possible mais à long terme se révèle peu pratique.
    En effet, le besoin de converger ou de connecter, même partiellement, les sphères générées par les différentes fractions se fera sentir tôt au tard. Dès ce moment la corrélation commencera. A terme, les efforts passés pour préserver mes différentes sphères seront annihilés.

    Cela m’amène donc à une question clé : Est-il encore possible aujourd’hui de prétendre au droit à la vie privée sur Internet ?

    La réputation numérique liée à l’identité numérique est un sujet passionnant dont j’apprécie discuter sur la place de mon village et que j’aime lire sur Internet. J’ai, ce jour, franchi un pas.

  5. De loin l’article le plus intéressant que j’ai lu à propos de l’identité numérique depuis un certain temps. Merci.

    Je crois en effet qu’il y a plusieurs choses à bien distinguer quand on parle d'”identité numérique”. J’aime bien le terme de “Vie numérique” comme l’ensemble des empreintes numériques que l’on laisse sur la toile.

    Le découpage en 3 catégories d’identités (professionnelles, personnelles, administrative) est intéressant.

    Enfin je crois que la réputation en ligne va surement impacter de plus en plus sur nos vies et qu’il sera plus génant de ne pas avoir d’empreintes sur le web que d’en avoir des périmés … ou trompeuses (homonyme, diffamations…)

    La suite La suite …

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