Le poids des mots… le choc des cultures !

Êtes-vous à vendre ? On peut se poser la question quand on lit des articles de presse ou des blogs dans lesquels des “experts” abordent la question du Personal Branding avec l’expression “se vendre”. Si on suit cette logique, cela signifie que celui qui cherche à se vendre le fait pour pour mieux se faire acheter. C’est votre cas ? Non, bien sûr ! Quand on parle de recrutement, on parle de recruter et d’être recruté. Mais dans le cas du Personal Branding, on essaye de nous faire croire qu’on achète et vend …des humains.

Le journal Management a ainsi publié un article sur le Personal Branding avec un titre explicite : Savoir se vendre en huit leçons (décembre 2008).

Certaines personnes le disent sans arrière pensée et sans vraiment comprendre la portée des mots (le poids des mots). D’autres le font volontairement (et souvent inconsciemment) pour dénaturer les fondements du Personal Branding et en faire un concept repoussoir. Ce concept voudrait en effet mettre fin à la modestie et faire l’apologie de la vantardise.

Que ce soit dans le domaine du Personal Branding ou du recrutement : on ne se vend pas. Personne n’est à vendre. On vend son travail ou son temps de travail et non sa personne. L’expression “se vendre” renvoie l’image d’une personne qui se vend en tant que telle, en tant qu’être humain, comme on vend des produits. Dans cette logique, elle pourrait aussi être vendue comme au temps de l’esclavage. On peut alors faire un parallèle absurde dans lequelle le Personal Branding serait une forme d’esclavage volontaire ! Qui dit mieux ?

Je propose donc de réserver l’usage de l’expression “se vendre” à ceux qui veulent critiquer ou dénigrer le Personal Branding parce que cela ne correspond ni à leur personnalité, ni à leur culture. A travers les religions, la culture de nombreux pays pousse naturellement à ne pas se mettre en avant. Il faut être modeste. C’est vrai de la morale judéo-chrétienne. C’est aussi vrai en Inde où les parents apprennent à leurs enfants à être humble, à ne pas s’enthousiasmer ou se vanter de leurs réussites.

Le Personal Branding n’est pas une invitation à “se vendre”, ni à devenir vantard, prétentieux ou arrogant. Il s’agit simplement de savoir mieux faire reconnaître ses compétences et ses mérites.

Qu’en pensez-vous ?

Author: Olivier Zara

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5 thoughts on “Le poids des mots… le choc des cultures !”

  1. Bonjour,

    L’expression en Français “se vendre” veut intrinsèquement dire être capable de démontrer ce que l’on est avec les compétences associées de telle sorte que celui qui écoute ait envie d’acheter.

    Il ne faut donc pas prendre cette expression au premier niveau c’est-à-dire celui du biologique où notre corps et tout ce qu’il contient est à vendre.

    Par contre l’esclavagisme existe toujours mais avec des contrats appelés CDI ou CDD. Ces derniers sont des contrats stipulant que l’intéressé se met sous la dépendance d’un hiérarchique qui a droit de vie ou de mort sur le renouvellement ou le maintien du contrat.

    En clair, un salarié est un individu qui accepte pour de l’argent de se vendre quasiment corps et âme afin de pouvoir crouter et participer à une société de consommation dont il est le principal acteur et mouton.

    Par contre, un indépendant peut tout aussi se vendre tout en restant libre de ses mouvements. Là on se sent plus dans la fibre offre-demande ou chacun agit en tant que partenaire. Malheureusement, les indépendants tombent de plus en plus dans la mentalité du sous-traitant c’est-à-dire de celui qui remet son CA de fin de mois dans les mains de son client.

    Un véritable indépendant est celui qui peut vivre même s’il doit abandonner un contrat en cours. Le client n’est pas roi et n’a pas le droit de vie ou de mort sur vous. Il doit être une personne ou une entité avec laquelle vous coopérer pour le bien de toutes les parties.

    Se vendre n’est donc pas une action de vente d’esclave dans son essence mais comme la majorité ne se voit pas autre qu’en esclave, il n’est pas faut de faire le rapprochement.

    Faire la pub de ce que l’on est (Personal Branding) n’est que l’action de se faire connaître afin d’entrer en relation avec des personnes susceptibles d’être intéressées par vos compétences.

    Alors après, que vous vous vendiez en tant que salarié, en tant que sous-traitant ou en tant que partenaire pour une mission temporelle ne relève que de l’intéressé lui-même et de sa conception du monde.

  2. Cette expression est à bannir. j’ai écrit un post à ce sujet sur mon blog et même fait une chronique sur FanceBleue sur le meme sujet. Cela me hérisse les poils de constater que des personnes accompagnant ceux qui recherchent un emploi ou veulent changer de poste, utilisent ces mots.
    http://egerieux.blogspot.com/2009/02/pourquoi-vouloir-se-vendre.html
    Il y a confusion entre l’être et le faire, l’identité et le comportement et nous ne sommes pas nos comportements.

  3. @ Laurent

    Tu expliques qu’il ne faut pas prendre cette expression “se vendre” au premier degré mais c’est pourtant à ce niveau que je vois la plupart des gens réagir. Au premier degré, c’est une expression humainement dégradante et péjorative qui nous renvoie à l’esclavage. C’est pourquoi, il me semble très risqué de tenter un calcul du nombre de personnes qui comprennent l’expression au 2ème degré ou au 1er degré. Par ailleurs, je reste convaincu après lecture de ton commentaire qu’on ne se vend pas. De mon point de vue, c’est faux. Ce qui est vrai ou faux au 1er degré est également vrai ou faux au 2ème degré ! 😉

    Sur le lien entre travail et esclavagisme, cela élargit la discussion hors du cadre de mon billet et nous renvoie, comme tu l’indiques, à des manières différentes d’appréhender le monde.

    @ Sylvie

    On est sur la même longueur d’onde. J’ai beaucoup apprécié ton billet. Toujours bien faire la différence entre l’ÊTRE et le FAIRE.

  4. Le problème, je crois, c’est que nous nous vendons bel et bien. Aujourd’hui mon employeur connait mon nom et ma situation familiale, il a mes coordonnées bancaires, une photocopie de ma carte d’identité.
    Si effectivement je vendais simplement mon travail, ou son produit, ou simplement l’usage de mes compétences, je ne vois pas pourquoi ils auraient toutes informations sur moi. De même mes impots sont calculés sur mon identification, tout comme toutes les protections sociales auxquelles j’ai droit.

    Je pense que l’identification apporte beaucoup. Mais nous l’utilisons à tort et à travers sans nous demander si c’est vraiment justifié, si c’est vraiment utile. Bien entendu que nous nous vendons. On peut considérer que ce n’est pas si mal, discuter des avantages et des inconvénients. Jusqu’à ce que nous trouvions des solutions (qui à mon avis existent) qui permettent d’anonymiser les rapports meta-sociaux (les rapports inter-personnels le sont naturellement: je ne demande les papiers d’aucun de mes amis, certains ne me connaissent que sous un surnom même s’ils ont vaguement entendu mon état-civil ici ou là sans le considérer comme pertinent) qui nous permettent de garantir tout de même nos droits nous passerons par là.

    Je prends un tout petit exemple: mon salaire. Pourquoi ne pas utiliser uen solution du genre Google Checkout ou Paypal pour recevoir a paye ? Il faudrait imagnier le lien entre le moyen de paiement et mon employeur mais bon. Qui leur dit qu’ils me donnent bien l’argent à moi ? C’est une question qui a une importance secondaire s’ils ne savent pas si c’est bien moi qui travaille ? La question est de savoir si ils mettent l’argent à l’endroit prévu pour ça, comment le contrôler… etc. Cette solution de paiement ne doit pas être rattacher à moi mais à mon contrat, mon CV, mon dossier interne… tout ce qui sert à savoir qui je suis pour eux et uniquement pour eux. On pourrait même imaginer engager un acteur pour jouer les entretiens d’embauche qui nécessitent un grand nombre de compétences spécifiques qui ne correspondent parfois plus du tout au poste de la personne (il s’agit d’un problème d’ailleurs parce que les aspects humains sont pourtant importants, mais l’entreprise employant un acteur à temps plein, si on y réfléchit bien, il s’agirait dans un premier temps de rééquilibrer les rapports).

    Le personnal branding c’est une bonne idée. On vend une marque sans que personne ne sache ce qu’elle veut dire, si ce n’est à force d’expérience et au travers de campagnes de communication. Peut-être pourrais-je me vendre avec la marque “Olivier Zara”, à condition d’avoir l’autorisation bien sûr, sans être Olivier Zara. C’est une bonne idée. Mais je pense que nous sommes peu à ariver à ce genre de conclusion pour l’instant.

  5. L’expression est tellement entrée dans le langage commun qu’elle ne choque plus personne…

    Je serais tenté de dire hélas vu que j’ai quand même un bonne partie de mes origines (et de ma famille) à la Martinique et pas beaucoup parmi les békés, mais “y’en a aussi” (c)

    Et en informatique, j’ai peur que depuis quelques années, les contrats étant dans la main des financiers des clients et plus de leurs techniciens, ce ne soit devenu obligatoire de passer par là. Il en est peut-être de même dans d’autres branches mais je connais surtout celle là.

    Surtout que j’ai vu la cassure entre les deux approches…

    Maintenant, doit on être un CV sur pattes ou le CV doit-il nous refléter, c’est là toute la différence entre se vendre ou se présenter… Perso, je choisi la seconde solution… Même si ce n’est pas “vendeur” !

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