Le Bon Sens Numérique chez AXA France

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A plusieurs reprises sur ce blog, j’ai expliqué ce que je pensais des “chartes médias sociaux” (Social Media Guidelines). Dans beaucoup d’entreprises, un document est rédigé par une entité et il tombe du haut vers le bas de la pyramide.

Le résultat ? On se donne bonne conscience (“c’est fait !”) et surtout on se couvre avec un document qui sera intégré ultérieurement dans le règlement intérieur de l’entreprise afin de sanctionner les salariés s’ils manquent de bon sens numérique.

Je pense que l’objectif de ces chartes n’est pas atteint pour les raisons suivantes :

1. Les médias et réseaux sociaux sont un éco-système avec ses règles, son propre mode de fonctionnement. Il ne s’agit pas d’un simple copier coller du monde physique. La maîtrise technique des outils n’est pas un gage de bon sens numérique. En général, c’est même l’inverse. Meilleur on est techniquement et plus le risque est grand de se prendre les pieds dans le tapis… voire pour les champions de se tirer une balle dans le pied. Il faut donc bien séparer l’outil et le bon usage de l’outil (comprendre l’impact de l’usage sur ma vie numérique, mon identité, ma réputation).

2. Il y a des interactions entre marques personnelles (celles des salariés) et marque d’entreprise mais ces interactions se font le plus souvent en dehors des heures de travail. Une charte des médias sociaux peut très vite être perçue comme une atteinte à ma liberté d’expression et une intrusion dans ma vie privée.

3. Il y a un gros risque que ces chartes ressemblent aux conditions générales d’utilisation d’un service : presque personne ne les lit !

4. Un document ne peut pas répondre à vos questions. Or les salariés se posent beaucoup de questions. Dans certaines conférences pour des associations, écoles,… j’ai eu jusqu’à 2h30 de questions non stop…après ma présentation de 45mn. Le bon sens numérique devient une réalité quand on peut poser les questions qui permettent de faire les liens entre l’éco-système et sa situation personnelle.

Une charte qu’on ne comprend pas bien et/ou qu’on ne lit pas, ça sert à quoi ?

J’ai accompagné AXA France sur cette question avec un dispositif dont une partie est maintenant publique. Avant d’écrire quoi que ce soit, AXA France a lancé depuis novembre 2010 une grande campagne de sensibilisation aux risques numériques pour ses collaborateurs. Un petit tour de France m’a permis d’échanger avec plus de 2000 salariés. Une des conférences a été filmée à Nanterre en février 2011.

Vous pouvez retrouver certains passages dans la vidéo ci-dessous avec en ouverture un mot d’introduction d’Eric Lemaire, directeur de la communication et de la responsabilité d’entreprise, aux collaborateurs d’AXA France. En voici un extrait :
“Faire preuve de Bon Sens Numérique, c’est un peu comme faire preuve de bon sens sur la route. C’est être capable de rouler avec une voiture sans se mettre en danger ou mettre en danger les autres conducteurs. Sur le web, sur les autoroutes de l’information, c’est faire attention à ce que l’on publie et avec qui on se connecte. Avec cette conférence, nous allons vous donner les moyens de comprendre la véritable portée de ces médias et l’impact qu’ils peuvent avoir dans votre vie professionnelle, mais aussi dans votre vie privée.”

 

 

Il faut donc combiner à l’approche juridique (charte), une approche plus “pédagogique” (conférences, échanges,…). Dans quelques mois, je serais en mesure de rendre public d’autres parties du dispositif… Patience 😉

L’opération vue par le CIGREF :

“Rédiger une « Charte médias sociaux » pour engager le personnel à la prudence est une réponse classique, issue du management traditionnel. Axa France, (entreprise membre du CIGREF) a entrepris une démarche plus « numérique » pour inciter chacun, à titre privé et professionnel, à prendre en main son destin numérique…”

Source : www.entreprises-et-cultures-numeriques.org/exemple-de-prevention-numerique/

 

Author: Olivier Zara

https://www.linkedin.com/in/olivierzara/

2 thoughts on “Le Bon Sens Numérique chez AXA France”

  1. Hello Olivier,

    Bravo pour ton intervention de “bon sens” chez AXA 😉
    OK pour les 77% des contenus qui ne proviennent pas de l’entreprise… mais à quelle source ce chiffre fait-il référence ?
    à te lire
    phil

    1. @Philippe
      Pour retrouver la source, j’ai simplement taper “77%” dans le moteur de recherche de mon blog !! Et voilà la source : http://www.scribd.com/doc/22677572/360i-SearchWhitePaper09-111709
      C’est une étude qui date un peu mais c’est pas grave parce que le plus important c’est l’ordre de grandeur qui envoie le message suivant : une entreprise ou un individu ne peut pas contrôler son image dans les médias sociaux mais peut la gérer.
      Extrait du billet de l’époque : “Dans son dernier livre blanc, la société 360i dévoile que dans les moteurs de recherche, les résultats incluant YouTube, Facebook et Twitter sur des requêtes spécifiques à des marques sont dans 77% des cas contrôlés par des utilisateurs et non par les marques elles-mêmes. Cela signifie que les clients d’une entreprise publient des contenus sur les médias sociaux qui dominent largement les contenus contrôlés par l’entreprise. C’est une tendance lourde, irréversible, l’image de marque d’une entreprise sera à l’avenir une co-construction entre les contenus produits par les clients de l’entreprise et l’entreprise elle-même…. sauf qu’en ce moment les entreprises sont absentes et donc l’identité et la réputation d’une entreprise se construit hors du contrôle de l’entreprise. Elle ne pourra pas revenir au temps où elle contrôlait tout. Elle ne contrôle plus son image, mais elle peut la gérer. Ce serait dommage de ne rien faire et de se mettre de facto dans une position où elle ne contrôle plus rien !”

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